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Dissolution : l’heure des grandes manœuvres électorales

Alors que le président Macron a prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale, les différentes formations politiques se mettent en ordre de bataille ce lundi 10 juin et les tractations pour des alliances vont bon train.


Macron dissout l’Assemblée nationale, Bardella candidat du RN à Matignon

« J’appelle les Français à venir nous rejoindre pour former autour du RN une majorité au service de la seule cause qui guide nos pas : la France »: dimanche 9 juin 2024, quelques instants à peine après l’annonce tonitruante de dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, Marine Le Pen appelait à une mobilisation de ses électeurs pour disposer d’une majorité afin de diriger le pays après les élections législatives qui se dérouleront les 30 juin et 7 juillet. Un délai court, très court, pour les formations politiques françaises.

Arrivé largement en tête avec plus de 31 % des voix contre moins de 15 pour la majorité, le Rassemblement National (RN) veut désormais exercer le pouvoir. Le jeu semble en valoir la chandelle. Le vice-président du parti Sébastien Chenu a indiqué sur RTL ce 10 juin que c’est Jordan Bardella qui sera le candidat pour Matignon. «Jordan Bardella a été élu député européen, donc il a déjà l’onction populaire», a-t-il déclaré.

Dès l’annonce de dissolution, le président des Républicains Éric Ciotti a quant à lui signifié sur X son refus «d’entrer dans une coalition avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France » et d’ajouter : «le macronisme, c’est toujours plus d’impôts, d’immigration et d’insécurité». Avec 7,25 % des voix et deux sièges de moins qu’en 2019, LR pourrait être courtisé par la majorité présidentielle pour une coalition.

A droite, RN, LR et R! partiront séparés

Marion Maréchal de son côté, dont le parti Reconquête a obtenu 5,47% des voix pour sa première participation aux élections européennes, envoyant cinq députés à Bruxelles, a appelé de ses vœux une alliance dès sa prise de parole : « la coalition des droites à laquelle j’aspire apparaît plus que jamais nécessaire ». Éric Zemmour, pourtant d’ordinaire particulièrement véhément à l’endroit du RN, a appelé de ses vœux dans un communiqué à une « union des droites », estimant que « c’est […] aux dirigeants du RN et de LR de nous dire s’ils veulent le rassemblement pour gagner, ou le monopole pour que rien ne change ».

Du côté du Rassemblement National, le député Sébastien Chenu a expliqué sur le plateau de RTL lundi matin que ce parti allait mettre en place une plateforme de propositions qui pourront permettre à des candidats qui y adhèrent de rejoindre les rangs du RN : « Nous tendons la main à des candidats qui ne sont pas du Rassemblement National mais qui souscrivent à notre programme patriote ». Il a cependant rejeté des accords de coalition avec d’autres partis : « on ne fait pas d’accord d’appareil, il n’y aura pas d’accord avec LR ou avec Reconquête ».

La gauche plaide pour l’union… en ordre dispersé

Jean-Luc Mélenchon a dès dimanche soir lancé un appel à l’union sur son compte X : « Maintenant l’Union. Urgente, forte, claire ». La France Insoumise a par ailleurs présenté un ensemble d’éléments programmatiques pour mettre en place une alliance à gauche. Si les éléments d’ordre sociaux ou écologiques ne devraient pas poser de problème à leurs partenaires, la position de LFI en faveur de la paix en Ukraine et pour « la fin du génocide en cours à Gaza » devrait éloigner les socialistes et les écologistes réputés plus atlantistes.

Quelqu’un a le numéro d’Emmanuel ? Parce que moi je viens de me fader un an de campagne, alors bon…

« Quelqu’un a le numéro d’Emmanuel ? Parce que moi je viens de me fader un an de campagne, alors bon… », a ironisé Raphaël Glucksmann après avoir appris la dissolution. Surprise des élections européennes, qui a vu PS-Place Publique talonner le parti présidentiel et atteindre 14% des suffrages, Glucksmann a appelé au micro de BFMTV dans la soirée au rassemblement d’une «alternative sociale, écologique, démocratique et pro-européenne», sans répondre à la question d’une alliance avec LFI : « on a fixé un cap, une méthode, nous allons continuer à tracer ce sillon, c’est la seule manière de résister à l’extrême-droite ». Des principes qui pourraient se heurter aux divisions latentes de la gauche. 

Le secrétaire général du parti Olivier Faure a fait savoir qu’il était en faveur d’« un rassemblement large à gauche » tandis que David Assouline, membre du Bureau national du PS, Secrétaire général de Refondations et tenant d’une ligne plus centriste s’est montré critique sur une alliance avec les Insoumis : « J’espère que personne dans mon camp ne va penser que les campagnes de haine anti-juives et la lutte contre l’antisémitisme sont des questions « résiduelles » au moment d’aborder les alliances pour les législatives. Ni le soutien total à l’Ukraine pour gagner contre Poutine ». Cette déclaration reprise par Nicolas Mayer-Rossignol qui avait perdu lors du Congrès interne du PS face à Olivier Faure atteste de la fracture entre une parti des socialistes favorables à une alliance avec les troupes mélenchonistes et un courant plus atlantiste.

Secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier a de son côté appelé dès dimanche à l’union estimant que : « l’heure est trop grave pour perdre des heures à se déchirer », ouvrant la voix à une alliance avec les partis de gauche alors que son parti a perdu 8 sièges au Parlement européen et semble aujourd’hui tributaire d’alliances.

De son côté, le communiste Fabien Roussel, dont le candidat a obtenu 2,36 % des voix et donc aucun eurodéputé, a appelé le 10 juin à « un front populaire pour une République sociale et écologique » et proposé « Un seul candidat à gauche dans chaque circonscription le 30 juin prochain ».

La majorité déboussolée par l’annonce d’Emmanuel Macron ?

Du côté de la majorité, le secrétaire général du parti présidentiel Stéphane Séjourné, qui est aussi ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a fait savoir via son entourage à l’AFP lundi qu’il resterait « mobilisé » pour sa mission au Quai d’Orsay mais qu’il sera « pleinement engagé » dans les élections législatives.

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe, président du parti Horizon, parti allié à la majorité, souvent évoqué comme possible candidat ne s’est, lui, pas exprimé après l’annonce présidentielle.




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