L’agence Reuters, citant plusieurs sources diplomatiques, a indiqué que Paris pourrait annoncer la semaine prochaine l'envoi de formateurs militaires en Ukraine, en dépit des craintes de certains et des mises en garde de Moscou.
Trois sources diplomatiques ont fait savoir à l’agence Reuters que Paris espérait «forger et mener une coalition de pays» afin d’apporter une aide à la formation des militaires sur le territoire ukrainien. Cette annonce pourrait être faite par Emmanuel Macron début juin, lors de la visite prévue de Volodymyr Zelensky à l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement de Normandie. «Les arrangements sont très avancés», a déclaré l’une des sources. Ils n’ont pas eu lieu sous l’autorité de l’OTAN.
«La France enverrait dans un premier temps un nombre limité de personnels pour évaluer les modalités d’une mission avant d’envoyer plusieurs centaines de formateurs, ont indiqué deux des diplomates», précise Reuters.
La formation serait, toujours selon la même source, axée sur «le déminage, le maintien des équipements opérationnels et l’expertise technique des avions de combat qui seront fournis par l’Occident», poursuivent les sources diplomatiques, alors que «Paris financerait, armerait et entraînerait également une brigade motorisée ukrainienne».
La France a formé environ 10 000 soldats ukrainiens depuis le début du conflit, mais sur le territoire de l’UE. Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Alexandre Syrsky, avait indiqué le 27 mai dernier avoir permis la visite d’instructeurs français dans des centres de formation en Ukraine, mais le ministère français des Armées n’a toutefois pas confirmé le départ de militaires français. Emmanuel Macron, en déplacement en Allemagne, avait pour l’heure refusé de commenter cette annonce.
Kiev a demandé à Washington de former ses soldats près du front
Le 16 mai, le New York Times révélait que l’Ukraine avait demandé aux États-Unis et aux pays de l’OTAN de l’aider à former 150 000 nouvelles recrues plus près de la ligne de front, et non dans des centres en Occident, pour un déploiement plus rapide. Une mobilisation jugée «inévitable» par le chef d’état-major des armées des États-Unis, Charles Quinton Brown Jr, selon la même source.
S’il estimait une telle opération risquée pour l’heure, celui-ci a toutefois déclaré : «Nous y parviendrons, au final, avec le temps.» «Toute attaque contre les instructeurs forcerait les États-Unis à honorer leurs obligations envers l’OTAN, les entraînant ainsi dans la guerre», a précisé le quotidien new-yorkais.
Rien ne va plus entre Paris et Moscou
Les informations s’accumulant sur un envoi de forces françaises s’inscrivent bien sûr aussi dans un contexte d’exacerbation des tensions entre la France et la Russie. Au cœur de celles-ci, le refus d’Emmanuel Macron, au nom d’une «ambiguïté stratégique», d’exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine, plusieurs fois répété depuis le 26 février. Le 2 mai dans The Economist, le président français a de nouveau réitéré cette possibilité, notamment si Kiev en faisait la demande.
La diplomatie russe a prévenu que des troupes françaises en Ukraine deviendraient des «cibles légitimes» pour les forces russes, dénonçant de surcroît la rhétorique «de plus en plus belliqueuse» de Paris.
Ce 30 mai, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, a estimé que les déclarations des pays occidentaux sur un éventuel déploiement de contingents militaires en Ukraine «suggéraient que leur plan initial pour Kiev» avait «complètement échoué».
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