Oleksandra Ustinova a accusé les autorités américaines de sciemment retarder la formation des pilotes ukrainiens de F-16. Une décision «politique» motivée, selon la députée de Kiev, par des craintes de Washington vis-à-vis de Moscou si trop de F-16 venaient à opérer simultanément sur le théâtre ukrainien.
«Ce ne sont pas des arguments, ce sont des excuses, et ils ne cessent de les invoquer, encore et encore.» Auprès du Times de Londres, Oleksandra Ustinova, cheffe de la Commission parlementaire spéciale ukrainienne sur les armes et munitions, a accusé l’administration Biden d’être responsable du faible nombre de pilotes ukrainiens formés sur des F-16.
«Jusqu’à présent, nous aurons moins de pilotes entraînés que d’avions de combat», a fustigé auprès du média britannique cette députée ukrainienne, qui a elle-même étudié aux États-Unis via le programme Future Leaders Exchange du département d’État. Celle-ci a déclaré que seuls huit pilotes étaient actuellement en formation à la base de la Garde nationale aérienne Morris, à Tucson en Arizona. Douze autres pilotes seraient en formation sur une base aérienne au Danemark. Quant au programme de formation en Roumanie, celui-ci n’aurait pas encore débuté.
«Ustinova a déclaré que Kiev avait demandé à Washington de fournir au moins dix places supplémentaires dans les programmes de formation, mais sa demande a été rejetée», a rapporté le quotidien britannique. Selon elle, ce retard dans la formation des pilotes de F-16 serait motivé par la crainte de Washington qu’une forte présence de ces appareils sur le théâtre ukrainien ne soit considérée par Moscou comme une intégration de Kiev au sein de l’OTAN. «C’est totalement politique», a-t-elle affirmé.
Les pilotes américains devraient laisser leurs places aux Ukrainiens, suggère Ustinova
Selon les autorités ukrainiennes, qui se plaignent du manque de places dans les centres de formation aux États-Unis et au Danemark, 30 pilotes seraient prêts à débuter leur formation. Des affirmations de Kiev qui ne tiendraient pas compte du fait que ces Ukrainiens «éprouvent des difficultés avec leurs compétences en anglais et avec le programme de vol», rapportait le 13 juin Politico, citant un responsable de la Défense américaine.
Par ailleurs, l’Ukraine – qui se voit offrir ses formations et ses appareils – n’est pas la seule cliente du F-16, d’autres pays ayant leurs pilotes en attente de formation. Un état de fait qui agace Kiev. «Nous comprenons qu’ils ne veulent pas rompre ces contrats, mais ils pourraient déplacer leurs pilotes américains vers une autre base pour s’entraîner», déclarait, déjà, Oleksandra Ustinova auprès de Politico début juin.
Kiev accuse régulièrement ses soutiens occidentaux des déboires des forces ukrainiennes sur le front, leur reprochant les délais pris dans l’envoi de leur aide miliaire.
Les premiers F-16 pourraient être livrés en mai, espère l’armée de l’air ukrainienne
