La campagne de la présidente de la Commission européenne prévoit une répression préventive sans précédent à l’encontre des opinions malveillantes, dénonce Rachel Marsden.
Cet article a été initialement publié sur RT International par Rachel Marsden, chroniqueuse et présentatrice de débats télévisés de production indépendante, en français et en anglais.
L’une des marques de fabrique de l’Union européenne, c’est que si quelque chose paraît trop beau pour être vrai, c’est généralement le cas. En réalité souvent, cela signifie même exactement le contraire. Prenons, à titre d’exemple, le fait qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se porte candidate pour un deuxième mandat alors qu’en vérité, elle ne fait que se prendre de bec publiquement avec d’autres représentants de l’establishment pour être choisie et confirmée par ce même establishment et non par un vote populaire.
Cela ne l’a pourtant pas empêchée de jouer le rôle d’une véritable candidate démocratique. Ce n’est pas qu’elle n’ait pas la possibilité d’en devenir une plutôt que d’en jouer le rôle, mais quand ses collègues allemands lui ont demandé de se présenter à un siège d’élu au sein de l’UE en Allemagne afin d’assurer une certaine crédibilité démocratique, elle aurait décliné ce désagrément. Cela ne l’a pas non plus empêchée de publier des messages de « campagne » sur les médias sociaux, comme si elle s’efforçait d’attirer les électeurs. Dans l’une de ces vidéos, elle promet que si elle est « remise sur le trône », pardon, réélue, elle défendra l’Europe par le biais d’un « Bouclier démocratique ». L’objectif est, d’après elle, de « détecter la désinformation et l’ingérence malveillante… de supprimer le contenu, y compris les deepfakes [de l’intelligence artificielle] et de rendre nos sociétés plus résilientes. » Mais il ne s’agit pas de défendre la démocratie européenne des bureaucrates non élus qui exercent un pouvoir excessif, j’imagine ?
Depuis qu’Elon Musk, entrepreneur milliardaire dans le secteur de la technologie, a pris le contrôle de Twitter, rebaptisé plateforme de médias sociaux « X », et publiquement humilié toutes les autorités des gouvernements occidentaux qui tentaient d’exploiter la plateforme directement à leurs propres fins de propagande, sa fonction « notes de la communauté » permet aux utilisateurs de réagir directement et en temps réel au contenu, y compris aux deepfakes, en prouvant que l’antidote à l’inexactitude consiste en davantage d’expression libre et démocratique, et non pas moins.
« Démocratie » dans le cas de ce « Bouclier démocratique » est en réalité un euphémisme pour censure, car de quoi ce « bouclier » protège-t-il l’Europe en vérité, qu’une plus grande liberté d’expression ne peut obtenir, sinon des faits dérangeants ? Ou de la reine Ursula et du reste de l’establishment européen d’avoir à défendre leurs propres folies idéologiques et expliquer aux citoyens pourquoi les narratifs qu’ils promeuvent coïncident rarement avec la réalité.
Apparemment, ils s’imaginent que la démocratie se porterait mieux en frappant sur la tête et en entraînant dans l’ombre toute personne et toute information qui ne correspondent pas au narratif de leur agenda principal, avec une Gestapo en ligne servant le « Bouclier démocratique » de von der Leyen.
C’est du prebunking, pas de la propagande !
Toutefois, ne qualifier le Bouclier démocratique que de « Bouclier de propagande » serait injuste. En fin de compte, l’UE et Ursula ne disent pas qu’ils sont intéressés à faire de la propagande. Non, au lieu de cela, elle dit vouloir faire un peu de prebunking ce qui ne ressemble pas du tout à de la propagande.
S’exprimant lors du sommet de Copenhague sur la démocratie au début du mois, von der Leyen a expliqué que « les études ont démontré qu’une campagne de prebunking est plus efficace que le debunking. Le prebunking est le contraire du debunking. En bref, mieux vaut prévenir que guérir. Considérez la manipulation de l’information comme un virus. Au lieu de traiter l’infection une fois qu’elle s’est déclarée – ça c’est le debunking – il vaut mieux vacciner de sorte que notre corps soit inoculé. Le prebunking, c’est la même approche. »
Certes, les amis, vous n’avez qu’à considérer le libre débat et la discussion comme un méchant virus qui pourrait devenir vraiment désagréable. Il est susceptible de provoquer une diarrhée verbale. Un truc horrible. Ne serait-il pas mieux que l’Union européenne injecte ses récits comme un vaccin directement dans l’esprit de ses citoyens afin d’éliminer tout risque d’opinions ou d’informations contradictoires et désordonnées ?
Et si le récit de prebunking EST de la désinformation ? Mais bien évidemment, cela n’arrive jamais, n’est-ce pas ? Tout ce que l’Union européenne et les gouvernements occidentaux disent est toujours là vérité objective totale et complète, et celui qui la met en doute est une espèce d’agent étranger.
D’ailleurs, la « résilience sociétale » d’Ursula von der Leyen signifie ici en réalité tout simplement la conformité – que tout le monde embarque dans la voiture de clown sur commande pour que ces guignols puissent emmener tout le monde en balade sur l’autoroute de la Dystopie n’importe où dans le nouvel enfer que leurs propres intérêts cachés suggéreront à tout moment.
Le bénéfice du doute supprimé
Mais il faut peut-être accorder à la reine Ursula le bénéfice du doute. Peut-être veut-elle simplement déployer son Bouclier Démocratique contre des armées de bots en ligne dérangeants, et non pas sur le terrain politique pour étouffer la dissidence ?
« Il ne s’agit pas seulement de faux contenus ou de contenus fabriqués », a déclaré Ursula von der Leyen lors de la promotion du Bouclier. « Il s’agit aussi de se procurer de l’influence et de provoquer le chaos. Nous avons vu des responsables politiques d’extrême droite et des candidats de l’AfD en Allemagne être dans la poche de la Russie. Ils vendent leur âme sur des sites de propagande et des vidéos russes. »
Eh bien, si elle pose cela de cette manière… le bénéfice du doute est supprimé.
Vous voulez discréditer un opposant politique parce qu’il bénéficie de la liberté d’expression sur diverses tribunes ? On dirait que cela relève de la responsabilité du Bouclier démocratique de la reine Ursula qui tout comme l’OTAN est totalement défensif, ne mène jamais d’opérations offensives et n’élimine pas activement des opposants dans le paysage politique. L’Union européenne a déjà essayé de mettre hors jeu des médias qu’elle jugeait indésirables en censurant les plateformes russes comme RT et Sputnik au niveau supranational, et en imposant cette interdiction à tous les États membres de l’ensemble du bloc, en l’absence d’une procédure souveraine et démocratique comme il se doit. Sous quel prétexte ? Elles diffusent des « distorsions de faits » qui menacent l’ordre démocratique de l’Union européenne. Il n’y pas mieux pour un journalisme crédible que des gouvernements qui prétendent être les arbitres ultimes de l’information authentique.
La censure n’a pas mis tout le monde d’accord
Il s’avère que la censure générale n’a pas permis de mettre tout le monde d’accord, Ursula von der Leyen déclare donc dans sa campagne de réélection que le Bouclier démocratique « repérera les manipulations d’information et assurera la coordination avec les agences nationales ». Traquer ceux qui tiennent des mauvais discours dans le paysage informationnel ? Ça a l’air extrêmement démocratique. Tout comme l’idée que les « agences nationales » décident de ce qui constitue de l’information.
Ce Bouclier démocratique totalitaire nécessitera-t-il un contrôle indépendant ? Car Ursula von der Leyen, à l’époque où elle était ministre de la Défense sous la chancelière Angela Merkel, n’était pas vraiment intéressée par ce genre de choses. Des reportages de la presse occidentale ont largement fait état de ses performances décevantes, le Washington Post, par exemple, avait cité une pénurie d’équipement militaire et des promesses de rectifier la situation qui n’ont jamais été tenues. Il avait également indiqué que les troupes utilisaient des balais au lieu de mitrailleuses lors des exercices de l’OTAN. Je suppose qu’elle en avait beaucoup à sa disposition.
Nous savons, par son refus de répondre aux questions de la commission qui demandait à voir ses échanges avec les dirigeants de Pfizer au sujet de ses contrats sur les vaccins, que la reine Ursula n’est pas vraiment une adepte de la transparence. Mais qui a besoin de valeurs démocratiques réelles quand on dispose d’un Bouclier démocratique ? Peut-être pourrons-nous le voir déployé en temps réel dans une sorte de phase test. S’il faisait vraiment son travail de protection de la démocratie, il commencerait par faucher la propagande d’Ursula von der Leyen puis se ferait exploser.